Pourquoi j’écris ce texte ?
En 1982, le président de la République du Niger Seyni Kountché est venu en visite officielle au Cameroun. Le Président de la République de l’Epoque Ahmadou Ahidjo est allé l’accueillir à l’aéroport de Yaoundé. Quelques heures avant le passage du cortège présidentiel, des élèves gendarmes étaient placés sur le parcours présidentiel et dans les quartiers alentours pour assurer la sécurité des Chefs des deux Etats pendant leur trajet vers le Palais présidentiel.
Dans le quartier du Golf à Yaoundé, un camion a déposé des gendarmes et ils ont commencé à demander aux habitants dans chaque maison de fermer les portes et les fenêtres. Les gendarmes le faisaient en expliquant aux habitants que cette mesure était nécessaire pour garantir la sécurité du cortège présidentiel. Le lieu où ces forces militaires demandaient la fermeture des portes et fenêtres se situait à environ 800 mètres de la route principale où allait passer le cortège présidentiel. Devant une des maisons, il y avait un jeune homme d’une vingtaine d’année qui face à la demande des gendarmes répondit « On doit fermer les portes pourquoi ? ». Il s’en suivit une dispute qui aboutit à la fuite du jeune homme en brousse. En effet, en 1982, le quartier du Golf était un endroit retiré de la ville de Yaoundé et il était encore couvert de champs, de marécages et d’une forêt considérable.
Le jeune homme s’étant enfui, le gendarme se mit à sa poursuite d’abord à travers les maisons du quartier, puis dans la forêt. Quelques minutes plus tard, une déflagration résonna. C’était le bruit d’une arme qui tire. Tout le monde courut se réfugier dans sa maison, puis, quand le calme fut revenu, les habitants sortirent et virent le jeune homme ensanglanté, mourant, porté par les gendarmes, puis mis dans un taxi. Il avait reçu une balle de fusil dans le dos. Je me souviens de ses derniers mots : « Ayissi, ils m’ont tué ». Ayissi était le nom de son frère.
J’écris ce texte, car je n’avais pas 7 ans lorsque ce drame se déroula et pourtant, il m’a marqué à vie. Les questions de la sécurité, de l’ordre dans la patrie et celles de la liberté des citoyens sont fondamentales dans notre pays. Nous devons avancer avec notre bouclier impénétrable : la sécurité. Nous devons avancer avec notre pouvoir indispensable : la liberté.
Caro Louise Ndialle
Le communiqué du Ministère camerounais de la défense publié le jour de ton décès, le jeudi 14 octobre 2021 te donne environ 05 ans. Je ne sais pas pourquoi on ne sait pas déterminer exactement ton âge. Certainement personne ne s’en est préoccupé. Parce que les préoccupations des adultes qui t’ont arraché à la vie sont ailleurs. Les adultes sont parfois ainsi. C’est d’abord eux-mêmes qui sont le centre des intérêts. Ces façons de penser, tu n’auras pas la malchance de les connaître.Tu as environ 5 ans et tu vas dans ton école en ce Jeudi matin. Tu es assise dans la voiture de ta maman et subitement ta vie a disparu. Tu es désormais au paradis. Repose en Paix Caro Louise Ndialle. Laisse-nous régler le cas de celles et ceux qui ont volé ta vie.
Mvogo Achille
Au moment où j’écris ce texte, je pense à ton père Bodo, à ta maman et à ta sœur jumelle. Dans la foule des textes qui ont été écrits pour te décrire, certain t’appellent « agresseur présumé » et meurtrier de Caro Louise Ndialle. Alors j’ai voulu te connaître et comprendre tes motivations. Ce ne fut pas facile. Mais j’avais un a priori que j’écris très sincèrement, car le patriotisme et l’intégrité sont pour moi deux valeurs fondamentales irréductibles : j’avais un a priori ; tu ne peux pas pointer ton arme à l’intérieur d’une voiture et tirer sur une petite fille qui peut être ta propre fille. Je l’assume cet a priori.Tu t’appelles Mvogo, je ne connais pas ton âge, mais je sais que tu es un jeune gendarme camerounais. Je ne connais pas ton grade dans la gendarmerie, tu es un soldat. Ça me suffit. Tu es originaire de la Région du Centre, dans le département de la Lékié, ton arrondissement s’appelle Elig Mfomo. Tu es un Eton du clan Essele. Le mathématicien très célèbre Abdon Atangana et le philosophe émérite Marcien Towa sont des personnalités de ton arrondissement. Ils peuvent être tes parents. Je n’en sais rien.
Beaucoup de choses ont été dites à ton sujet, des choses mauvaises que j’ai lue avec attention et avec toujours une grande réserve. L’esprit critique est une chance qu’il faut toujours garder avec soi et cultiver sans bornes. Parmi toutes ces choses, celle qui m’a le plus choquée fut cette déclaration que certains médias attribuent à ce qu’ils appellent « des sources locales ». Ces médias affirment que leurs sources locales leur ont déclaré que tu as tiré sur la voiture de la maman de Caro parce qu’elle avait refusé de te donner 500F. Alors, ces médias et leurs batteurs de Tam Tam se sont déchaînés. Mvogo a tué un enfant avec une Kalachnikov de l’Etat du Cameroun à cause de 500F. Ici, ton nom est important, car le tribalisme est une affaire primitive qui a la peau dure dans ton pays. On lui arrachera la peau, je te le garantis.
Traditionnaliste profondément ancré dans les cultures et maîtrisant les ressorts indispensables de ta culture mère Ekang, je suis remonté à ta patronymie : Mvogo…Mvogo est issu de Mvog et dans ma langue éwondo, Mvog c’est le lignage. Le lignage est constitué par un ensemble de grandes familles qui ont un lointain ancêtre commun. Mvogo est dérivé de Mvog et signifie celui qui représente son lignage. Mvogo, tu as réduit tout un lignage Essele à 500F ? Bien sûr que Non. Ce n’est pas possible, ce n’est pas la vérité. Nous connaissons beaucoup nos cultures, nous savons ce que signifie un Esselle chez les étons. Cette affaire de 500F que le tribalisme auquel nous allons arracher la peau veut mettre sur ton dos, c’est de la foutaise. De la dangereuse foutaise pensée et diffusée à dessein. Ce n’est pas la vérité, car la réalité est toute autre. Ceux qui ont parlé de 500F l’ont fait volontairement pour salir ton nom, pour salir l’armée, pour salir ton pays.
Tu as commis une bavure Mvogo et ta bavure est grave, car tu as ôté la vie à la joyeuse et innocente Caro Louise. Caro Louise est une « Manë Mouanga Nti» en langue éwondo, un petit enfant de Dieu. Avant de se poser la question du pourquoi, tu as commis une bavure ; car c’est ainsi que ton acte s’appelle dans votre langage militaire, tu as été lapidé, lynché et tué. Quand un militaire commet une bavure, l’Etat représenté par le Ministère de la défense mène une enquête et sanctionne à la hauteur de la faute. Toi tu as été assassiné par une foule qui a filmé son forfait. La foule était désarmée et toi tu étais armé. Mais tu ne t’es pas défendu. C’est tant mieux pour les enquêtes futures de la justice. Nous espérons que tous ceux qui ont porté un coup sur toi, toi le protecteur de l’ordre et de la paix sociale, toutes celles et tous ceux-là sans exceptions seront punis à la hauteur de leurs actions. Pour que cet exemple frappe les esprits une fois pour toutes dans ce pays qui s’appelle le Cameroun. Repose en paix soldat du Cameroun. Meurs sur ce champ d’honneur en paix, vaillant soldat professionnel et Martyr de la République Unitaire Décentralisée.
Le contexte
Depuis cinq ans, des terroristes séparatistes sèment le désordre et la mort dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun. Ils sont d’une brutalité sanguinaire qui donne la nausée à tout le monde normalement constitué. Décapitations, dissections de corps, découpage de membres, de sexes, viols et éventrement de femmes, tueries d’enfants. Régulièrement, les forces de défense et de sécurité les neutralisent et il arrive que les séparatistes tendent des embuscades ou mènent des attaques surprises. Plusieurs policiers, gendarmes et militaires ont déjà été tués. Les chefs militaires donnent des consignes strictes à leurs soldats et leurs demandent d’être extrêmement vigilants. Malgré la sauvagerie bestiale des sécessionnistes terroristes, les commandants militaires et les autorités politiques gardent la main tendue avec notamment l’accueil de chaque repenti dans les centres de Désarment, Démobilisation et Réinsertion (DDR). Les autorités militaires rappellent également constamment aux soldats qu’ils n’ont pas d’ennemis face à eux en tant que tel, car ces sécessionnistes sont des camerounais. Bien que ces camerounais se réclament d’une patrie imaginaire, ils sont camerounais. Ils n’ont pas le choix. Face à ces camerounais agressifs, barbares et d’une sauvagerie abominable, les gradés demandent aux soldats et policiers de savoir distinguer entre un civil et un combattant. Ce n’est pas évident.
Ce n’est pas facile, car les forces de défense et de sécurité sont plongées dans ce qu’on appelle un conflit hybride. Les combattants se réfugient parmi les civils et sont habillés en civils pour tuer par lâcheté. Si vous baissez la garde, vous êtes morts. Certains civils sont complices, d’autres ont peur. Il y a aussi beaucoup de citoyens qui veulent simplement mener leur vie tranquillement et il y a des patriotes là-bas.
Les faits révélés
Le jeudi 14 octobre en matinée, une voiture sans plaque d’immatriculation est arrivée à un contrôle routier sur lequel les forces de défense et de sécurité assurent la paix sociale dans la ville de Buea. Cette voiture avait des vitres teintées et elle n’a pas voulu s’arrêter devant le contrôle. Dans les régions en crise du Cameroun, les contrôles se focalisent sur les questions de sécurité. Toutes les voitures doivent être fouillées afin d’éviter que les armes, les munitions, les explosifs ou tout autre objet dangereux entre dans la ville. Les contrôles sont également destinés à construire une digue contre l’infiltration dans les villes et villages des combattants terroristes cachés dans les brousses et les montagnes. C’est le seul objectif de ces contrôles de sécurité.
La voiture suspecte ne s’est pas arrêtée au contrôle et cette action imprudente et dangereuse de la conductrice a entraîné le tir d’un coup de feu par un gendarme. Malheureusement dans la voiture dont les vitres étaient fumées, un enfant a été tué, atteint par une balle de fusil. Ce coup de feu et les pleurs de la mère ont attiré une foule en colère qui a lynché le gendarme qui en est décédé sans se défendre avec son arme. Le gendarme avait une arme de type Kalachnikov munie d’un chargeur de 30 balles. Il possédait trois autres chargeurs contenant chacun 30 munitions. Face à la foule en furie, il aurait pu faire un carnage. Mais constatant sa bavure, il s’est quasiment laissé arrêter et tuer par la foule. Tous ses collègues qui étaient avec lui sur le poste de contrôle avaient également des armes et des dizaines de chargeurs. Personne n’a tiré sur la foule qui a assailli le gendarme de pierres qui l’ont écrabouillé.
Après l’incident, la foule estimée à une centaine de personnes s’est rendue chez le gouverneur de la région pour exiger justice. Parmi la foule, il y avait l’évêque de la ville de Buea. Le gouverneur a calmé tout le monde en promettant qu’une enquête serait menée. Le coupable présumé était déjà mort.
L’information, les images et les vidéos du drame se sont répandus sur les réseaux sociaux et il commencé à circuler plusieurs versions des faits, dont celle de la tentative de racket de la dame par le gendarme pour une modique somme misérable de 500F. Or les autorités militaires sont catégoriques, formelles : l’ambiance de crise dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest ne permet pas ce genre de distractions. L’impératif supérieur est la sécurité et toute la concentration est mise sur la sécurité. Les forces de défense et de sécurité se préoccupent uniquement de la recherche des combattant et de celle des armes lors des contrôles. Il y va de leurs vies et de celles de la population qu’ils doivent protéger. Tous autres documents autres que ceux liés à l’identification des véhicules et des personnes qui sont à l’intérieur ne font pas l’objet de leur contrôle. Il convient de noter que l’histoire du racket a été relayée par des journaux qui se sont appuyés sur la rumeur ou ce qu’ils ont appelé des « sources locales ». Cette affirmation de racket s’est construite à partir de fausses nouvelles malveillantes et est restée vague. La précision tardive des autorités militaires sur l’exigence sécuritaire exclusive a été nécessaire pour rétablir la réalité des faits ; mais le mal était déjà répandu.
Silence on tue à Bamenda.
Le samedi 16 octobre 2021, des terroristes séparatistes sont arrivés dans la ville de Bamenda avec deux captifs. Leurs captifs étaient deux jeunes hommes qui étaient attachés sur les motos et vivants. Ces deux jeunes hommes ont été tués en public. Pendant qu’ils se faisaient tuer, la population a fui. Sur le lieu de leur meurtre, il n’y avait que les deux corps inertes et quelques mouches sans doute. Cette information n’a pas entraîné l’indignation ou la colère de la foule. Il n’y a eu aucun mouvement de foule, aucune protestation notable, ni une marche vers les services du sous-préfet, ceux du préfet ou ceux du gouverneur de la région. Alors, il faut s’interroger et comparer cette attitude avec ce qui avait été vécu deux jours plus tôt à Buea.
A Buea, une voiture a volontairement défié un contrôle routier public destiné à protéger la population. Dans cette voiture, une mère a sacrifié la vie de son enfant. Car, pour nous qui sommes parents, il est absolument impensable que l’on joue avec la vie de sa progéniture dans une zone de crise, devant un poste de contrôle identifié. Quand on commet un tel acte, alors, soit on est fou, soit on est suicidaire, soit on est un combattant qui a décidé d’utiliser tous les moyens de la guerre hybrides pour marquer le coup. Les enfants sont utilisés comme boucliers humains et comme bombes dans de nombreux pays plongés dans les guerres hybrides. Ça s’est déjà vu en Irak, en Syrie, au Nigeria avec Boko Haram. Face à cette menace, le gendarme a fait usage de son arme à feu. Ses supérieurs conviennent de nommer son acte une bavure. Mais étaient-ils eux-mêmes face à la menace imminente que représentait cette voiture aux vitres fumées ? Non. Dans cette voiture, il pouvait y avoir des combattants munis de lance-roquettes, de mitraillettes, de grenades ou de bombes. Le soldat a tiré sur la voiture. Un enfant est mort. C’est une bavure. La foule au lieu d’être tétanisée a été organisée et est venue lyncher le gendarme armé. Professionnel formé à la défense des civils, il s’est laissé lyncher malgré 120 munitions dans son arme. Il aurait pu tirer autant que nécessaire et se suicider pour éviter les coups de pierres sur sa tête et l’humiliation d’être jeté dans le caniveau par des gens qu’il a cru avoir toujours défendus contre la barbarie.
A Bamenda, deux séparatistes ont paradé dans la ville avec deux jeunes garçons qu’ils ont exécutés. Encore heureux qu’il soit raconté que la foule s’est enfuie. Elle aurait pu acclamer ce meurtre public conscient. Quel était l’armement de ces assassins terroristes ? Etaient-ils plus experts dans le maniement des armes que le gendarme Mvogo ? avaient-ils des armes plus puissantes que ce professionnel de la Guerre ? Les terroristes séparatistes avaient-ils plus de munitions que Mvogo et ses collègues ? Je crois que non.
Alors, pourquoi la foule a accouru pour massacrer Mvogo et pourquoi a-t-elle fui pendant que les séparatistes assassinaient paisiblement deux citoyens en plein jour, en plein air, en pleine ville sans que personne ne crie au scandale à Bamenda ou dans les réseaux sociaux ? Où est l’Evêque de Buea qui est allé porter la colère chez le gouverneur ? Où est l’Evêque de Bamenda ? Pourquoi certains journaux et certains politiciens ont-ils mis de l’huile sur le feu quand il s’est agi d’un représentant de la loi et de l’ordre en l’affublant de tous les noms de meurtrier ? Pourquoi sont-ils devenus subitement muets quand deux jeunes camerounais sont été assassinés par les terroristes à Bamenda à peine deux jours plus tard ? J’y réponds en disant :
1- La mort d’un enfant est un choc qui peut entraîner un embrasement. Mais quand des gens sont civilisés, ils ne lapident pas un gendarme. Ils le respectent, ils en ont peur et ils demandent que la justice soit faite. Ensuite ils veillent à ce qu’elle soit faite, que réparation soit faite, que ça ne se reproduise plus et que la paix et la tranquillité soient rétablis.
2- Ces politiciens et ces journaux qui ont relayé et commenté abondamment, vicieusement et malhonnêtement le double drame de Buea ont un intérêt autre que celui de la préservation de la paix au Cameroun. Ils ont une envie autre que celle de la fin la guerre par la victoire de l’Etat de droit du Cameroun dans les régions en crise. Ils ont une volonté : salir le régime actuel qu’ils trouvent impur et malheureusement pour eux, trop fort face à leurs stratégies souvent bancales, tribalistes et reposant sur des soutiens extérieurs opposés aux intérêts du Cameroun.
Pourquoi ce texte ?
Pour poser un regard différent sur le drame qui s’est déroulé à Buea, rappeler un contexte historique, celui de 1982 où enfant ; je vécus la mort d’un civil tué par un gendarme et j’en fus marqué à vie. J’ai écrit ce texte pour rétablir la vérité des faits à propos de l’état de vigilance et de stress extrême dans lequel les forces de défense et de sécurité du Cameroun font leur travail de protection des personnes et des biens dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest. Il faut être vigilant, car le conflit est hybride. Les séparatistes se cachent parmi la population, utilisent la population avec son support ou malgré elle. Il faut être vigilant, car les séparatistes sont armés de fusils et de mitraillettes. Ils ont même des explosifs.
Parce qu’une petite fille Caro Louise Ndialle a perdu la vie. C’est choquant et triste. On doit pouvoir se dire que ça ne doit plus arriver, car ce n’est pas la première fois. Il y a eu Ngarbuh où des enfants sont morts lors d’explosions, Kumba où des enfants ont été tués dans une école. Si une mère décide de forcer un barrage militaire dans une zone en crise alors c’est de la détermination suicidaire. Quand elle décide de le faire en ayant son enfant dans la voiture, c’est une volonté mortifère contre sa propre progéniture. On ne met pas la vie de son enfant en danger. On protège son enfant coûte que coûte quand c’est possible et là c’était possible, il suffisait de s’arrêter sur ce barrage militaire. La vie de la petite Caro Louise a été interrompue à cause de l’action suicidaire de sa maman, mais ce n’est pas sa maman qui lui a ôté la vie. C’est le gendarme Achille Mvogo. Il ne savait pas que l’enfant était dans la voiture aux vitres fumées qui a forcé le barrage. Il a respecté les consignes de sa hiérarchie : les armes et les combattants ne doivent pas entrer dans Buea. Une voiture suspecte qui force un barrage de sécurité et qui s’en va transporte peut-être des armes, des munitions, des combattants, des bombes qui feront des dégâts dans la ville et prendront des vies innocentes.
Parce que la bavure d’un vaillant professionnel qui était dans l’exercice de ses fonctions au service de la nation a été exploitée pour le lyncher en public, le torturer en le lapidant de pierres, le tuer et répandre les vidéos de son assassinat morbide sur les réseaux sociaux. Une foule folle n’a pas eu peur de tuer un représentant de l’état en plein jour, dans une capitale régionale du Cameroun, devant ses collègues représentants de l’Etat de droit immobiles. Achille Mvogo est un professionnel martyr, un bouclier de la Nation qui s’est laissé assassiner pour éviter le carnage qu’il savait son arme puissante et ses 120 cartouches capables de causer. Achille Mvogo n’était pas un voleur, ce n’était pas un poltron, mais un gendarme chargé de mener sa mission régalienne au service d’un Etat de droit. L’Etat doit protéger ses serviteurs, car le pouvoir n’appartient pas à la foule. Non. La foule est folle. Elle n’a ni le droit de juger, ni celui de torturer, ni celui de tuer.
La mort de Mvogo a été utilisée par les agents de la désinformation et leurs semblables les pyromanes qui veulent bouffer tous les bénéfices possibles des difficultés du Cameroun pour provoquer son effondrement dans le chaos généralisé. Ils espèrent ainsi faire tomber ce qu’ils considèrent comme l’ordre établi pour commencer le leur. Un ordre de la sauvagerie, du repli identitaire qu'ils justifient. L'ordre du tribalisme, de la cession de nos intérêts et droits aux forces exogènes de l’oppression et de la soumission. On ne bâtit rien de solide sur le sang. Celui qui s’abreuve de sang ne connaît pas le goût du jour, car c’est un vampire. Il est condamné à errer dans la nuit et à être sévèrement combattu. Ce sont ceux-là qui ont parlé de décapitation dans leurs feuilles de choux. Ce sont ceux-là qui ont répandu la fausse nouvelle du racket du gendarme Mvogo, réduit à un meurtrier de 500F.
Parce qu’on n’a pas vu de foule en furie le samedi 16 octobre 2021 quand les terroristes primitifs sécessionnistes ont exécuté deux jeunes garçons dans la ville de Bamenda. On n’a pas vu de protestation. Les gens ont fui. L’Evêque de la ville n’est pas allé voir le gouverneur pour exprimer sa colère. Les corps des deux jeunes abattus en public n’ont pas été transportés dans la ville pour demander des comptes à leurs assassins. Lesdits assassins n’ont pas été poursuivis en vue de savoir où ils se cachent. On ne parle pas de les lyncher, non. La foule ne doit lyncher personne dans un Etat de droit. Mais une foule de femmes et d’hommes qui bondit sur un gendarme et qui est silencieuse quand on assassine deux enfants est une foule complice, c’est une foule hypocrite, c’est une foule antipatriotique. Ce texte est destiné à attirer l’attention sur cette donne. Le Cameroun est un et indivisible, mais il y a des camerounais qui aiment leur pays et il y en a d’autres qui soutiennent les ennemis du Cameroun et collaborent avec eux contre les intérêts supérieurs de cette Nation que nous appelons avec fierté, amour et bonheur l’Afrique en Miniature.
Serge Mbarga Owona
Mathématicien, écrivain, poète.
Bien dit pour un patriote comme vous. Vous avez tout résumé en disant que ces populations ennemis de la République ont clairement choisi leur camp. Une fois de plus l'étincelle n'a pas pris pour que notre cher et beau pays sombre dans le chao.
RépondreSupprimerLe Cameroun est un et indivisible.