L'objectif de ce récit est de témoigner d’une situation désagréable qui m’est arrivée. Partager cette mauvaise expérience surprenante, afin qu’elle soit, si possible, utile à d’autres.
L’affaire :
Samedi 13 février 2021, mon
véhicule est saisi par la Douane à Douala. Il s’agit d’un véhicule de seconde
main acheté 3 ans plus tôt en 2018. J’ai acheté cette voiture au lieu de vente
appelé Hôtel du Ndé, bien connu à Douala.
Flashback :
À l'achat de cette voiture de
marque Hyundai Santa Fé, elle est déjà immatriculée et l’ancien propriétaire
roulait normalement avec elle à Douala. La voiture possède donc une
immatriculation et une carte grise parfaitement conformes.
À la suite de l’achat du véhicule
en 2018, le vendeur et moi avions établi un certificat de vente légal dans un
commissariat, puis le vendeur me proposa de lui donner un peu d’argent en plus
afin qu’il me facilite la mutation de la carte grise. Salarié et n’ayant pas beaucoup
de temps en semaine, j’acceptai que le vendeur me fasse la mutation de la carte
grise. Il me remit la carte grise mutée en mon nom au bout de 2 semaines.
La vente était bouclée : j'étais
propriétaire d'une voiture immatriculée et munie de tous les documents légaux.
La saisie :
Le 13 Février 2021 à Akwa, ma
voiture est saisie lors d’un contrôle des Douanes. Les douaniers me stoppent,
un samedi, je m’arrête, puis ils me demandent ma carte grise. Je la leur
remets. Un agent tape un code sur son téléphone et m’annonce que mon véhicule
n’est pas enregistré dans la plateforme de dédouanement. Je crois d’abord que
c’est une blague. Je réponds au douanier que ce n’est pas possible, mais ça
l’est malheureusement. Trente minutes plus tard, ma voiture sera saisie,
immobilisée par un sabot clouté dans le parking des douanes. Je deviendrai
subitement piéton.
Dans le service des douanes,
j’essayerai de donner des explications aux douaniers en plaidant ma bonne foi,
en disant que j’avais acheté une voiture déjà immatriculée et que je ne l’avais
donc pas importée, rien n’y fera. Ce même samedi après-midi-là, J’appelle mes
amis susceptibles de m’aider à sortir de ce problème incroyable, personne
n’arrivera à me trouver une solution immédiate. Mon téléphone s’est plutôt
déchargé à force de passer des coups de fil. Sur le coup, j’ai vécu un moment
incroyablement frustrant.
La première leçon que je voudrais
partager ici est celle de la prudence. Je me croyais en règle alors qu’en fait,
il y avait quelque chose que j’ignorais totalement. Il ne suffit pas de
posséder une carte grise en son nom et un véhicule immatriculé pour être en
règle. Je l’apprenais à mes dépens ce samedi 13 février 2021.
Recherches à la Délégation Régionale des Transports du Littoral.
La semaine qui a suivi la saisie
de ma voiture, je me suis rendu au Ministère des Transports. Plus précisément à
la Délégation Régionale des Transports du Littoral à Douala. J’y suis allé, car
je voulais retrouver le dossier qui fut utilisé par le vendeur pour effectuer
la mutation de la carte grise de ma voiture.
Une fois rendu à la Délégation
Régionale des Transports, un fonctionnaire m’oriente vers le service des
archives. J’expose mon problème, puis on me demande de payer des droits de
fouille. Je paye ces droits, puis l’agent en charge des archives me demande de
laisser mon numéro de téléphone, promettant de m’appeler dans la même journée.
Une journée entière s’étant
déroulée sans que je reçoive l’appel du bureau des archives. Je repars donc à
la Délégation Régionale des Transports. Le chef de bureau m’avoue alors qu’ils
ne retrouvaient pas le dossier souche de la mutation de mon véhicule. Je suis
complètement abasourdi !
Grâce à l’aide d’un commissaire
de police en service à Douala, je pourrai rencontrer le Délégué Régional des
Transports du Littoral. Je lui expose mon problème et il entame des recherches,
afin de comprendre ce qu’il s’était passé lors de la Mutation de la Carte Grise
de mon véhicule dans ses services. Les recherches entreprises par le Délégué n’ont
fourni aucun résultat positif. Il semble que la première immatriculation de mon
véhicule était bien enregistrée dans le système informatique du ministère des
transports, ainsi que la deuxième immatriculation. Mon véhicule était donc bien
relié à une carte grise parfaitement conforme, mais il n’y avait aucune trace
de son dédouanement nulle part.
Dès que j’ai obtenu la
confirmation qu’il n’y avait aucun dossier de dédouanement de ma voiture, je
suis retourné aux Douanes afin de faire le compte rendu de ma recherche et de
demander comment je pourrais récupérer ma voiture toujours saisie. Dans le
bureau des Douanes, on m’a établi le montant à payer. Il s’élevait à 8 millions
de FCFA. J’ai abandonné toute envie de récupérer ma voiture et je me suis
tourné vers le vendeur.
Plainte au commissariat contre le vendeur.
Le 18 février, je dépose une
plainte dans un commissariat à Douala contre le vendeur et l’importateur de la
voiture. Il s’agit d’une plainte pour fraude, escroquerie et abus de confiance.
Quelques jours plus tard, le vendeur est interpellé par la police et une
enquête menée par le commissariat de police. Cette enquête durera environ un
mois, puis le dossier d’enquête sera transmis au parquet. Le vendeur payera une
caution au parquet afin de comparaître libre au procès.
La première audience du procès
s’est déroulée au mois d’Avril. Deux autres audiences ont eu lieu en Mai et en
Juin. Un procureur de la république s’occupe de mon dossier. Quant au vendeur,
il a plaidé non coupable devant le juge et a pris un avocat. Le vendeur aurait
aussi déposé une plainte contre l’importateur, mais ce dernier semble
introuvable jusqu’à présent.
Les remises de la Douane.
La privation de mon véhicule
ayant un impact négatif sur mon transport quotidien pour me rendre au travail,
j’ai sollicité une clémence des services de douane, afin de bénéficier d’une
réduction des frais à payer pour récupérer ma voiture.
Grâce à des amis qui m’ont aidé à
plaider ma bonne foi auprès des services des douanes, j’ai bénéficié d’une réduction
des frais. On m’a de ce fait fixé un nouveau montant du dédouanement, plus une
amende pour une valeur totale de 3 millions de FCFA.
Quand j’ai pu réunir l’argent
requis pour le dédouanement, j’ai payé et la douane m’a remis les reçus
nécessaires. Lors du paiement des frais de douanes, il y a un montant
forfaitaire de dix mille francs CFA à payer pour le dépôt de la taxe de
dédouanement dans un compte à la banque. Il ne me souvient pas avoir reçu une
attestation pour ce paiement forfaitaire.
Le sabot d’immobilisation de ma
voiture a été retiré et j’ai récupéré mon bien. Le véhicule étant resté garé
dans la cour du bureau des douanes pendant quatre mois, je l’ai malheureusement
récupéré dans un mauvais état, à cause des détériorations entraînées par les
intempéries et la longue immobilisation.
L’épilogue bizarre.
Le jour où j’ai payé mes frais de
Douane pour récupérer ma voiture, un reçu m’a été remis, la voiture a été
remise en état de rouler par un garagiste, puis je suis parti. Une heure plus
tard, le bureau des douanes m’a appelé, m’informant que mon Numéro Identifiant
Unique n’est pas enregistré et en conséquence, que mon paiement ne peut être
validé. Le numéro Identifiant Unique est un numéro que tout contribuable doit
avoir au Cameroun lorsqu’il paye ses impôts et taxes. L’Etat donne désormais la
possibilité aux citoyens de créer ce numéro sur le portail Internet de la
Direction Générale des Impôts. Je possède bien un Numéro d’Identifiant Unique
que j’ai créé et utilise depuis plus d’un an.
Quelques jours plus tard, je me
suis rendu dans un service des impôts à Douala, où un fonctionnaire m’a
confirmé que mon Numéro Identifiant Unique est bien actif dans le système des
impôts. J’ai ensuite appelé le bureau des douanes pour faire part de mon incompréhension.
Un fonctionnaire des douanes m’a alors informé que mon paiement n’est pas
finalisé, car mon Numéro Identifiant Unique doit également être enregistré
auprès des Douanes. C’est donc une procédure interne dans les services des
douanes.
C’est très surprenant que
l’usager qui a déjà un numéro de contribuable actif aux impôts et qui paye ses
droits de douane, doive encore aller dans un service des douanes pour faire
enregistrer son numéro de contribuable.
En attendant, malgré des frais de
douane payés pour une voiture achetée à crédit en seconde main déjà
immatriculée au Cameroun et malgré un procès en cours contre le vendeur et
l’importateur, je dois encore me rendre à la direction des douanes à Douala
afin de faire enregistrer le numéro de contribuable qui permettra à l’Etat de
collecter mes frais de douanes.
Pendant ce temps, mon véhicule
n’est toujours pas enregistré dans la plateforme de dédouanement. Affaire bien
bizarre.
Serge Mbarga Owona
Mathématicien, écrivain, professionnel des télécommunications.
Le Cameroun c'est le Cameroun...😎😂
RépondreSupprimerÉdifiant,j'ai moi même une voiture, achetée dans les mêmes conditions
RépondreSupprimerJe vais dès ce matin au bureau du transport pour les formalités de mutation
Bonjour,
RépondreSupprimerMon chauffeur a failli vivre la même mésaventure avec mon véhicule seconde mains initialement acheté...chez Cami Toyota à Douala. Du coup, comme le vendeur m'avait gentiment remis la facture achat originelle, je la joins systématiquement à la carte grise en cas de contrôle HALCOMI...