La réalité et l’apparence
sont bien souvent les deux faces de la même pièce de monnaie. Parce qu’elles
sont lancées dans les airs par la main du hasard, un concours de circonstances
ou une succession de choix et de décisions, les deux faces de cette pièce
tournoient, mais finissent indubitablement par retomber sur le sol. La réalité et
l’apparence sortent alors du trouble causé par la rotation et chaque face retrouve
son identité en se libérant de la confusion. Une face devenant visible et l’autre
se retrouvant occultée, jusqu’au prochain lancer.
Pendant le tournoiement
de la pièce, il faudrait un stroboscope pour distinguer parfaitement ses deux
faces. Le stroboscope est un appareil permettant de donner l’illusion qu’un objet
pourtant rapide se déplace au ralenti. Mais, les stroboscopes physiques ne se
trouvent pas à tous les coins de rue et l’observation détaillée du tournoiement
de la pièce n’est pas indispensable au bien vivre quotidien de chaque citoyen.
La chute de la pièce seule permet dans ce cas d’observer le détail de la
réalité et celui de l’apparence.
Le monde a changé
chez nous, c’est la raison pour laquelle nous pouvons et devons désormais
distinguer la réalité de l’apparence ; c’est la raison pour laquelle il
est urgent de distinguer la réalité et l’apparence. Nos critères de distinction
seront bons, car ils correspondront à des canons universellement admis par les organismes
et institutions de notoriété mondiale et les comités d’experts de tous horizons.
Le monde ayant changé chez nous, distinguer le vrai de l’illusion nous mettrait
face à nos responsabilités, devant nos défis, nos servitudes, étalerait nos réels
succès aux yeux de tous.
Mais chez nous, où
est-ce exactement ? Dans une planète où les distances ne sont plus des
obstacles, le chez soi devient inéluctablement le lieu où l’on peut s’épanouir
le mieux, celui où on peut construire sa vie, ou celle de sa famille en jouissant
de ses droits et en accomplissant ses devoirs vis-à-vis de la société. Le cœur a
ses raisons que la raison ne connaît point, disait Blaise Pascal. Cette assertion nous permet de situer
le chez nous dont il est question ici, au Cameroun, parce que le cœur y situe
ses raisons.
Pourquoi le monde
a-t-il changé chez nous ? Un découpage des cent dernières années nous
permet de distinguer cinq grandes époques : l’époque précoloniale (avant
la signature du traité Bell-Nachtigal en 1885), l’époque coloniale (1886-1959),
l’époque postindépendance (1960-1974), la tragédie des trente honteuses (1975-2005)
et le monde actuel. Ce qui caractérise le monde actuel c’est la rapidité de
circulation de l’information, sa disponibilité, son instantanéité, le
polymorphisme des sources. Ce monde du « Open Data », ou monde de l’information
disponible, met à la portée d’un plus grand nombre d’individus un flux d’information
agissant comme un levier d’opportunités d’affaires, d’échange, d’expression, de
compréhension et d’engagement citoyen.
Le monde actuel
agit comme un stroboscope cérébral améliorant la perception de la réalité,
permettant de scruter habilement l’apparence par chaque citoyen le souhaitant. Réalité
et apparence demeurent deux faces d’une même pièce de monnaie, mais sous la
lumière stroboscopique de l’Open Data, vérité et illusion ne sont plus mystifiés
par aucun lanceur de pièce. Le responsable politique qui ne l’a pas compris
devient un dinosaure de l’espace public, une pièce de musée aberrante et inadéquate
pour la conduite des affaires de la cité.
Manekang.
Le monde a changé. Mon appréciation est que l'illusion est de plus en plus criade et la réalité de plus en plus muette, d'où l'importance de la (re)calibration de nos critères de discernement.
RépondreSupprimerJe soupçonne la pléthore des informations n'est pas toujours à notre avantage, seul un esprit humble, simple et vide peut nous être utile dans cette tâche...
Bonne Année 2013!