dimanche 23 décembre 2012

L’équation des flagorneurs du Sommeillistan!


Dire peu, dire avec precision et force detail; exprimer un point de vue fondé sur une perception, une sensibilité, une intuition, mais aussi une raison, des valeurs et des faits. Tel est l’objet de cet écrit. L’intérêt d’être mathématicien c’est aussi de savoir apprécier la puissance de la formule. La formule ne joue jamais dans la cour du mauvais lapidaire. Elle condense, incarne et résume le postulat. Quant la formule est equation, elle porte dans ses entrailles, dans ses membres les solutions au problème posé. La formule est donc poétique en tant qu’élément abstrait dans la forme, abstrait en apparence, mais concret dans l’usage, concret dans la représentation precise d’une réalité, concret dans la puissance des suggestions qu’elle offre aux perceptions de chacun. Dire peu, dire bien, dire vrai, telle est la formule contenue dans cet écrit.

Deux faits isolés en apparence, mais qui sont en réalité des problèmes posés par la même equation ont inspiré cette réflexion matinale. La mort d’un Homme hier, dans une rue banale d’un quartier populaire miteux de Yaoundé et le déchaînement public d’une barbarie militaire stupéfiante, flagrante et insolente sur un autre Homme pour des raisons que nous ne jugeons ni utile de comprendre, ni indispensable de connaître. Les deux faits sont isolés en apparence, car le premier Homme était sans doute malade déjà, atteint d’un mal qui ronge surnoisement et abat subitement. Quant au second Homme, il a peut-être, comme Mongo Beti en son temps, posé un acte fou pour défier la brutalité sotte et partiale; mal lui en a pris; traîné au sol, le visage en sang, le foie en lambeaux, les quatre membres en copeaux, il mourra sans doute lui aussi, rongé par des dommages irréparables sur le corps et l’esprit. Ces deux faits se sont déroulés au Cameroun! Ils constituent des problèmes posés par une même équation: la protection de la vie au Cameroun ET le respect de la dignité humaine.


Parce que le Cameroun est le pays idéal que nous chérissons, une terre riche de sa diversité humaine et géographique, un défi permanent aux tentations et tentatives xenophobes de repli identitaire, une nation symbolisée par la formule humaniste et poétique “Afrique en miniature” du Géographe français Jean-Claude Bruneau; parce que le Sommeillistan est le pays réel, actuel, mis sous la coupe chaotique et systématique d’un équilibre plutôt minable entre des flagorneurs et des metayers. L’équation des flagorneurs du Sommeillistan est bien facile: s’en sortir à tout prix en cassant du citoyen et en caressant du metayer en tout temps, partout; actionner tous les moyens et artifices naissant spontanément dans l’esprits bouffi de survie du flagorneur. Les metayers sont détenteurs provisoires d’une manne temporaire qu’ils empruntent chez des sous-rois divers, pour mieux la dilapider, dans des inconséquences époustouflantes. Garçonnières capiteuses, chatelaineries tropicales, amoncellements financiers escrocs, corruptions systématiques des esprits…


A cause de cet équilibre chaotique entre flagorneurs et metayers, à cause de cette passerelle flasque, mais blindée entre les creatures-esclaves affamées et leurs paresseux- maîtres repus; tout le reste, tous les autres; les citoyens crèvent en offrant de surcroit et malgré eux, leur agonie en spectacle.

A la mort du premier Homme, les badauds crièrent à sa famille “il y a un cadavre là-bas”; les télévisions locales, friandes du morbide vénal ont sans doute diffusé en boucle cette chair froide rongée par la maladie et abandonée dans la rue. Quant au deuxième Homme, le tabassé public; sa souffrance nous interpelle et intime l’ordre de ne rien lâcher aux assauts illégaux des sots brutaux.


En mathématique, la difficulté première consiste à réussir à poser le probleme. Le résoudre devient alors une algèbre intellectuelle. Poser l’équation des flagorneurs du sommeillistan comme une entente chaotique entre les mendiants et les brigands c’est déjà faire un pas vers la découverte de ses solutions. Entre les flagorneurs et les metayers du Sommeillistan, la place publique, la liberté d’expression, l’esprit critique et l’action civique sont des réponses éclatantes au problème. Ces solutions méthodiques et décisives viennent résoudre l’équation des flagorneurs en dénonçant le scandaleux, en critiquant l’abject et en projetant la lumière citoyenne sur la dalle de decadence qui bloque l’éclosion de notre Cameroun “Afrique en miniature”.


Manekang.

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