samedi 12 novembre 2011

L’orgueil de chine


Un quart d’heure déjà que Sima était assis dans le bureau du rédacteur en chef du journal l’Impertinent. L’homme assis en face de lui semblait préoccupé par la teneur des informations contenues dans le journal qu’il lisait. Il parcourait consciencieusement les pages grises du quotidien et semblait oublier la présence du jeune homme.

Asseyez-vous donc lui avait-il lancé, lors de son entrée dans le grand cube cerné par le ronronnement du climatiseur de marque Airwell. Le rédacteur en chef était un homme sérieux, une carrure de judoka, le regard négligé ; il vous observait presque sans vous voir. Sima avait pris place sur une chaise et plus un mot ne s’était partagé entre les deux hommes.

S’était-il trompé d’adresse en se rendant au siège de ce journal peu connu du grand public ? Son amie Priscille était pourtant formelle, « l’Impertinent et son rédacteur en chef seront de parfaits supports de diffusion et de promotion pour ton ouvrage ». Un livre sur les délices de la cuisine thaïlandaise, Sima avait voulu être novateur. Dans ce pays africain, la mode est plutôt aux plats surgelés importés d’Amérique. Un livre, quelle idée légère ; un fast-food à l’américaine, voilà qui aurait fait l’affaire ici. Depuis quelque temps, des signes forts marquent l’intérêt du pays de l’oncle Sam pour son homonyme bilingue, l’Union Sud Africaine. D’ailleurs une grande ambassade estampillée USA est en construction non loin du palais présidentiel. Des School Bus jaunes transportent des ouvriers turcs acheminés dans la moiteur équatoriale, afin de réaliser l’édifice athénien.

La cuisine thaïlandaise connaîtrait certainement des jours heureux ici, chacun doit à sa manière contribuer à la construction du village planétaire pensait Sima, occupé aussi à imaginer les réponses qu’il fournirait au rédacteur en chef. Comment est né le projet ? Qui est Sima Mismeyo’o ? Compte-t-il publier d’autres livres ? Comment s’intéresse-t-on à la cuisine thaïlandaise ?…A chaque question, une réponse sûre, efficace, pertinente, Sima était décidé à bien dealer son projet. Les chemins de l’avenir sont multiples, mais la route du succès est singulière. Telle était la philosophie de Sima, le fils de Mismeyo’o, vénérable notable du village Ekoumdoum.

Le temps n’avait plus d’importance, l’attente pouvait durer une éternité, Sima était dans le bureau du faiseur de miracles, le grand manitou de l’Impertinent. Le froissement des pages s’ouvrant entre les mains du rédacteur en chef est bientôt interrompu par l’entrée discrète d’une jeune femme dans le bureau somnolant. Sans doute la secrétaire servant des nouvelles fraîches au grand chef pensa Sima. « Je vous présente mademoiselle Angèle, elle s’occupera de vous jeune homme. Bonne chance et au revoir » avait juste dit le directeur. Mademoiselle Angèle tenait une copie déjà malmenée de l’ouvrage écrit par Sima Mismeyo’o. Elle lui sourit poliment et l’invita à la rejoindre dans une salle propice à la réalisation de l’interview.

« Voici la salle de rédaction, Monsieur Sima, je vais m’entretenir avec vous ici ». Grande salle rectangulaire, l’atmosphère lourde, des hommes et des femmes affairés devant des machines à écrire et des ordinateurs portables. Quelques uns parcourent fébrilement des journaux posés sur une longue table en bois épais. Deux chaises placées à un coin de la table, Sima qui s’installe sur l’une d’elle…Le volcan de son esprit de s’envoler bientôt, quand un désir puissant s’éprend de lui. Il voudrait déjà mieux connaître cette femme élégante. Il lui semble pourtant l’avoir déjà croisée quelque part. Ce sourire amical, cette voix chaleureuse, ce parfum aux parures de nature sauvage ne s’oublient guère. « L’orgueil de chine : vous connaissez mademoiselle ? »

Man Ekang.

dimanche 25 septembre 2011

Décryptage…

« Les atouts majeurs de Paul Biya, Pourquoi le candidat président est le meilleur choix. »
Par Narcisse Mouelle Kombi, Professeur des Universités. Directeur de l’institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC).

J’ai patiemment et très calmement lu cet article publié dans le Cameroon Tribune, le quotidien national public, le Mercredi 21 Septembre 2011. Le terme quotidien national public me parait très élogieux, car il exprime la volonté de ce journal d’être au service de l’intérêt national. L’intérêt national est celui de chaque camerounais et celui de tous les camerounais, riches ou pauvres, citadins ou ruraux, libéraux communautaires ou adversaires politiques du régime en place depuis plus d’un quart de siècle. Cameroon Tribune, je ne l’appellerai pas Le journal officiel, car en d’autres pays, ceux où le pluralisme politique s’exprime plus aisément, plus clairement, et plus librement, le Journal officiel est simplement une publication des textes officiels de l’Etat.


Dans son article, Monsieur Narcisse Mouelle Kombi explique de façon abusivement prosaïque, pourquoi à ses yeux, le chef de l’Etat sortant, âgé de soixante dix huit, serait le meilleur choix pour l’élection du 09 octobre prochain. Le prosaïsme du directeur de l’Institut des Relations Internationales du Cameroun est abusif, car à l’image du violeur, il souhaiterait que la victime ; Nous ! Le peuple camerounais éprouvions du plaisir pendant les assauts longs et répétitifs du bourreau libéral communautaire. Nous pensons que Monsieur Biya n’est pas le meilleur choix pour 12 raisons au moins:
1. La régression économique du Cameroun
2. L’accroissement des inégalités sociales
3. La promotion de l’impunité en règle commune
4. L’abandon des secteurs essentiels de la vie d’un Etat (Education, Santé, justice, sécurité, infrastructures, culture, sports)
5. L’installation durable des insécurités (personnes, biens, sanitaires)
6. Le développement des précarités (éducation, emploi, logement, santé, ruralité)
7. La perte de confiance en l’avenir
8. La multiplication des réseaux dangereux (sectes, prostitution, contrefaçon, extrémisme ethnique)
9. L’aggravation de la corruption
10. L’endurcissement du clientélisme politique
11. La prolifération des promesses non tenues
12. La longévité excessive à la tête de la Nation


Bien que nous pensions que Paul Biya n’est pas le meilleur choix pour le Cameroun, notre objectif n’est pas de le démontrer le long de ces lignes d’encre noir porté au nu. Notre objectif est de montrer comment ses affidés, ses créations, ses créatures abusent les citoyens, abusent de nous, en construisant des phrases, plutôt que des routes, en bâtissant des théories, plutôt que des hôpitaux, en développant leur bagout, plutôt que le pays cher à notre cœur.
Dans son récit prosaïque, Narcisse Kombi affirme de prime abord que l’élection présidentielle du 09 Octobre est une équation à 1 certitude et à multiples inconnues. Sa certitude c’est Paul Biya ! Une équation étant une égalité entre deux termes, Le Directeur placerait-il sur la balance, d’un côté tout un peuple et de l’autre un Homme, ou mieux son Dieu ? Dans cet équilibre, la certitude étant unique, serait-elle la solution de l’équation ? En d’autres termes, Kombi affirmant que Paul Biya est la certitude, Paul Biya serait-il en même temps un terme de l’équation et sa solution ? En mathématique, quand un terme de l’équation en est également la solution, alors, de deux choses l’une : soit l’équation est fausse, soit la solution est nulle. Pour être schématique l’équation Mouelle Kombi pourrait s’écrire a + x = a. Or en mathématique, une telle éventualité aboutit à deux conclusions : l’équation est absurde, ou x = 0. Il faudrait donc que le Professeur éclaircisse à nouveau notre lanterne : Son équation est-elle fausse ? Son champion est-il nul ?

Narcisse Mouelle identifie 6 impératifs aux travers desquels il juge les aptitudes des candidats à exercer la plus haute fonction de l’Etat camerounais, la présidence de la République. En fait, si l’élection du 09 octobre était un examen d’entrée à l’IRIC dont il est le directeur, Le Professeur attribuerait des notes aux candidats sur la base de 6 questions. Pour répondre de la meilleure manière, chaque postulant devrait apporter des réponses en portant l’emphase sur 3 critères : L’efficacité, la solidité, la crédibilité.

En introduction de son article, avant même de poser ses questions, avant même de jeter le moindre regard sur les copies de tous les candidats, Le Professeur Narcisse Mouelle Kombi a déjà choisi un postulant : Paul Biya. Paul Biya serait le plus apte à répondre aux 6 questions du Professeur Mouelle Kombi avec efficacité, solidité et crédibilité.


Cette démarche est pour le moins contre scientifique, mais c’est un bien moindre mal, car la politique n’est pas la science au sens ou l’entend Albert Einstein quand il affirme : la politique c’est éphémère, mais une équation est éternelle. Mais c’est une démarche typique du mode de fonctionnement des libéraux communautaires au Cameroun. Un monde où la cooptation, le favoritisme, le népotisme, la corruption sont des gangrènes durablement installées.


Cette démarche est partiale, car un seul candidat est passé par la grille d’analyse du professeur Mouelle Kombi. Il est tout à fait rigoureux, voire normal de porter son choix sur son favori et d’en expliquer les raisons en long et en large. Mais dès lors qu’on définit librement 6 impératifs permettant de juger des aptitudes de chaque candidat, dès lors qu’on affirme examiner les aptitudes des postulants « au regard de critères de comparaison », un intellectuel digne quêterait la profondeur dans son examen et installerait sa démarche dans le méthodique plutôt que le chaotique. Mais comme l’affirme Einstein une fois de plus… « Un estomac creux n’est pas un bon conseiller politique ».


Cette démarche est prosaïque, car les faits sont les grands oubliés de la logorrhée byzantine du tout nouveau membre du Comité Central des libéraux communautaires camerounais. Comme disait mon ami Cyril Effala de regrettée mémoire… Explique…J’explique !


Le Professeur est sans doute un grand bavard, un puisatier de buvards aussi. Mais comme disait Boileau « Tout ce qu’on dit de trop est fade et rebutant, l’esprit rassasié le rejette à l’instant ». Des faits et non des paragraphes d’abêtissement, voilà ce que le citoyen, Nous ! Attendons…


Nous nous demanderions combien d’emplois ont été créés en près de 30 ans par Paul Biya ? Combien de Camerounais ont-ils bénéficié de la gratuité des soins de santé ? Combien d’ingénieurs et de techniciens ont-ils été formés ? Combien de routes, de ponts ont-ils été construits ? Combien d’Hôtels, d’Hôpitaux ont-ils été rénovés, aménagés, agrandis ? Combien d’écrivains, de savants, de sportifs, de diplomates ont-ils été honorés sur la scène africaine et mondiale ? Combien de lois ont-elles été votées pour faciliter la vie des citoyens, encourager l’investissement, développer le tourisme…Nous nous poserions toutes ces questions et espérerions trouver des réponses à travers la grille aux 6 têtes du Professeur, que nous serions amèrement déçus, extraordinairement révoltés, vigoureusement volontaires pour sanctionner l’escroquerie.

Examinons le questionnaire hexagonal du Professeur censeur en ayant en perspective l’efficacité, la solidité et la crédibilité des réponses de son champion :


1 : cohérence, pertinence, adéquation du projet politique avec les aspirations du peuple camerounais. Son adaptation aux mutations et aux évolutions de la nécessité sociale.
En d’autres termes, plus simples : le projet que Monsieur Biya nous propose répond t-il aux besoins du peuple camerounais ? Est-il adapté aux changements de notre société ? Ce projet est-il efficace, solide et crédible ?
Heureux, ceux de la trempe de Narcisse Mouelle qui ont lu le projet du candidat Biya? Ayant pris connaissance des plans du candidat président, Le Professeur nous invite donc à rêver avec les morts ; il cite pour cela Le Général de Gaulle « toute politique qui ne donne pas à rêver est condamnée ». Le Professeur qui a certainement bien lu le projet du chef de l’Etat nous demande de nous référer à son ouvrage « Pour le libéralisme communautaire ». Question simple : si le peuple camerounais devait trouver les réponses à ses aspirations dans cet ouvrage, pourquoi n’est-il pas distribué ou vendu au peuple ? Même dans sa version édulcorée de toute logorrhée byzantine du style «Le libéralisme communautaire pour les nuls ».


Oublions un instant ce projet, semblable à l’équation Mouelle Kombi dont nous questionnions la vérité plus haut et posons-nous une autre question simple : Monsieur Biya connait-il les aspirations du peuple camerounais ? Les aspirations du peuple camerounais l’intéressent-elles ? Au vu des réponses apportées sur la copie de son candidat par le Professeur examinateur, nous pensons que la réponse est non ! Les besoins des camerounais, les questions auxquelles ils exigent une réponse sont aussi banales que celle-ci : Pourquoi, pour aller dans mon village par exemple, à 117 KM au sud de Yaoundé, je dois parcourir les 7 derniers kilomètres en 90 minutes ? Dois-je jouer un match de football avec Le Général De Gaulle pour rêver d’une bonne route dans mon village ?


Le Professeur Kombi, - une certaine impétuosité d’esprit me susurre Kombi Bolongo c’est-à-dire le Tam Tam chez Kunta Kinté – Monsieur « Kombi Bolongo » nous affirme que « Le Président Biya est porteur d’avenir ». C’est un peu comme affirmer que mon arrière-grand père porte mon avenir sur son dos. Soyons sérieux, respectons l’intelligence humaine, même celle des idiots !


Des faits ! Nous en trouvons quand même dans la réponse du candidat Biya au premier questionnaire :
• La promesse de l’émergence du Cameroun dans 24 ans (Pratiquement un quart de siècle)
• La publication d’un livre « Pour le libéralisme communautaire »
• La promesse de recrutement de 25000 diplômés.
Dans un projet dont le but est de répondre aux aspirations du peuple Camerounais, tout cela est-il efficace solide et crédible ?

2 : Etre capable de surmonter les crises, les secousses. Etre apte à préparer le Cameroun à affronter, sinon à amortir efficacement le choc du futur.
Cette deuxième question posée par le Professeur a le mérite d’être claire. Du vrai travail de pédagogue. On ne peut s’empêcher de penser à cette citation de Boileau que nous répétait Le Professeur Essindi Mindja de regrettée mémoire, avec la gourmandise de l’artiste émérite : « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément »


L’enseignant Universitaire poursuit son exigence de clarté en affirmant « Il faut à notre pays un artisan charismatique pour son rayonnement international ». Obama, Sarkozy, Kadhafi, Chavez, Castro, Lula, Rawlings, Mandela, Clinton…Autant de dirigeants charismatiques dont le caractère essentiel est la faculté à aller au devant du peuple, embrasser le peuple, se confronter aux réalités du terrain, relever les défis du quotidien et ceux du futur.
Paul Biya est-il charismatique ? Oui ! Notre président actuel est charismatique comme Lao-Tseu, le sage du non agir. Un vieux sage du non agir peut-il répondre avec efficacité, solidité et crédibilité aux aspirations du peuple camerounais ? Les réponses silencieuses d’un vieux sage du non agir peuvent-elles répondre aux aspirations d’un peuple où près de 65% de la population a moins de 25 ans ? Si je répondais oui, je serai soit un imbécile, soit un idiot, soit un Homme indigne.

3 : Maintenir le cap de la paix et de la stabilité politique du Cameroun.
Comment chacun des candidats peut-il maintenir le cap de la paix et de la stabilité avec efficacité, solidité et crédibilité ?
Le libéral communautaire Narcisse Kombi affirme que l’équilibre régional, le respect des droits des minorités et des autochtones, l’ouverture vers d’autres familles politiques et le rejet des ingérences étrangères sont les réponses du candidat libéral communautaire aux aspirations de paix et de stabilité du Cameroun. Un véritable inventaire à la Prévert lorsqu’on sait que la paix et la stabilité de notre pays reposent en grande partie sur la seule volonté populaire de laisser du temps au temps, de manger le pain dur dans l’espérance et la prière. Le non-agir du candidat président maintient le statu quo au gré des vents et vagues qui ébranlent le navire camerounais. Il suffit simplement d’écouter les citoyens, de recueillir leurs avis et opinions pour se rendre compte que notre paix et notre stabilité sont d’émanation populaire. Le peuple camerounais est simplement patient, au mépris de son mieux-être peut-être.

4 : Inscrire le Cameroun dans la modernité et favoriser son accès au statut de pays émergent à l’horizon 2035.
Le candidat qui réussirait avec efficacité, solidité et crédibilité à inscrire le Cameroun dans la modernité et en ferait un pays émergent à l’horizon 2035 bénéficierait de la meilleure notation de Narcisse Mouelle.
Comment le candidat libéral communautaire se débrouille t-il avec l’impératif numéro 4 du Directeur de l’Institut des Relations Internationales du Cameroun ?
Des faits ? Non ; la réponse du candidat Paul Biya s’appuie sur 4 piliers théoriques:
• Le programme des Grandes Ambitions déroulé pendant le septennat finissant
• Le programme des Grandes Réalisations énoncé pendant le prochain septennat
• Le document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE)
• Le document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP)

Le cadre théorique étant établi dans les programmes et documents ci-dessus, leur non application, ou leur mauvaise application seraient causées par la paresse du peuple camerounais et son manque de patriotisme selon Monsieur Mouelle Kombi. Ce libéral communautaire affirme ainsi : « Il est temps que les camerounais se remettent énergiquement au travail et qu’ils consacrent l’essentiel de leur temps actif au travail productif ou inventif, d’avantage qu’aux loisirs et à la farniente ». C’est l’hôpital qui se moque de la charité pourrait-on répondre au Professeur directeur.
Quand ce sont les dormeurs qui accusent le peuple de somnoler, lorsque la tête du poisson a fini de pourrir et qu’elle accuse le reste du corps de répandre la pestilence, on atteint le summum de l’insulte, la consécration du mépris. Pour dénoncer le peuple, l’accuser de fainéantise et de se perdre dans tous les plaisirs, il faudrait que les dirigeants fussent irréprochables. Travailleurs infatigables, leaders incontestables, apporteurs de solutions efficaces et crédibles. Cela n’est malheureusement pas le cas au Cameroun où la responsabilité ne signifie pas travailler plus, mais cesser de travailler tout simplement et glander en pondant des fariboles.

5 : Promouvoir un socle de valeurs permettant à la société camerounaise d’échapper à la décrépitude des comportements et au déclin moral.
Comment promouvoir les valeurs avec efficacité, solidité et crédibilité ? A notre connaissance et comme le rappelle Mouelle Kombi, les valeurs énoncées par Paul Biya au matin de sa magistrature sont la rigueur et la moralisation. La promotion de ces valeurs a été sanctionnée par un échec retentissant, car la rigueur n’a jamais été l’apanage des années de gabegie favorisées par le non-agir de Paul Biya. La moralisation est tombée dans les bas-fonds du désespoir depuis le temps ou le jeune président demanda publiquement au peuple de fournir des preuves, pour chaque soupçon de détournement de la fortune publique, alors même qu’il était connu et vu de tous que les rapaces sans foi ni loi s’accaparaient les trésors nationaux et tous les fruits du dur labeur des camerounais.
Paul Biya a érigé un système pernicieux fondé sur le misérable slogan « Pas vu pas pris ! ». Quelle note peut-on lui attribuer dans la promotion des valeurs au Cameroun ? Les camerounais sont-ils devenus plus responsable sous l’impulsion de Paul Biya? Le Cameroun est-il un pays plus solidaire aujourd’hui ? La tolérance s’est-elle accrue dans notre pays ? Il faut répondre à ces questions avec efficacité, solidité et crédibilité afin d’attribuer la note la plus honnête à l’Homme du 06 Novembre.
Dans un pays qui compte plus de 60 ministres et assimilés, dans un pays où les actes de corruption se multiplient à cause d’une répression tardive et parcellaire, dans un pays où la survie est la règle de base, dans un pays où la justice agit de façon partiale et lente, il est extrêmement difficile d’accorder la moyenne au responsable en chef des affaires de l’Etat au cours du quart de siècle écoulé.

6 : Rester fidèle aux principes fondamentaux de la République et aux exigences de l’Etat de droit.
Avec efficacité, solidité et crédibilité, le candidat libéral communautaire reste t-il fidèle aux principes fondamentaux de la république camerounaise ? Paul Biya a-t-il su respecter et promouvoir les exigences de l’Etat de droit ?
Les faits cités par le Directeur de l’IRIC afin d’expliquer son choix sont les suivants :
• Les réformes constitutionnelles,
• Les réformes législatives
• Garantir la sécurité intérieure et extérieure,
• Arbitrer le fonctionnement des institutions,
• Satisfaire aux impératifs de l’intérêt général,
• Les motions de soutien
• Un parti fort dans un Etat fort


Chaque Camerounais un tantinet curieux saura comprendre que cette énumération divulgue la fameuse formule « se prendre les pieds dans le tapis ».
Le seul exemple de la dernière réforme constitutionnelle suffit à montrer que la fidélité aux principes fondamentaux de la République n’accorde pas les points de la crédibilité au candidat libéral communautaire. Quelle excellente idée de faire sauter le verrou du renouvellement unique du mandat à la magistrature suprême. Quelle excellente manifestation de fidélité aux principes de la République dirions-nous ironiquement…En effet, quand dans une République un Homme est autorisé à se représenter à la magistrature suprême plusieurs fois « Ad vitam aeternam », ce n’est plus de liberté dont il est question, mais de légitimité. En effet, eu égard aux appétits que le pouvoir ouvre, il y a de fortes chances que la chose publique finisse par devenir la propriété du président éternel, à cause du jeu des manipulations auxquelles on succombe humainement pour combler lesdits appétits.

Lorsque Barak Obama affirme « l’Afrique n’a pas besoin d’Hommes forts, mais d’institutions fortes », c’est pour éviter que nos Hommes trop forts, trop bons et trop providentiels ne plombent trop l’avenir de notre beau pays trop vulnérable.

Manekang

jeudi 18 août 2011

Gens Sans peur.

Naître dans un pays est le fait du hasard. Le scientifique qualifiera de hasard tout évènement qui est du domaine de l’indéterminé. Cependant, il établira par exemple une loi du hasard, en vue de quantifier la possibilité d’apparition de cet évènement dans des conditions déterminées. C’est ainsi que le scientifique affirmera qu’il existe une chance sur cent quatre vingt treize (1/193), pour qu’un individu naisse au Cameroun. Cent quatre vingt treize étant le nombre d’Etats membres de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Pour le philosophe, le hasard sera perçu comme l’absence de toute raison déterminante, il sera donc un évènement obéissant à ses propres caprices. Mais comme l’affirmait le pieux scientifique Albert Einstein, « le hasard c’est Dieu qui se promène incognito ». La croyance exprimée par Einstein est également manifeste à travers la phrase « Que tes pensées, ô Dieu, me semblent impénétrables! » tirée du psaume 139 de la bible. Ce psaume étant lui-même une prière de guérison des peurs.

A moins d’être une divinité, personne ne choisit donc le pays dans lequel il pousse son premier cri. S’agit-il d’un cri d’effroi, de peur ou de joie ? Toujours est-il qu’en tant qu’êtres humains pourvus du libre arbitre, les choix que nous effectuons dans nos vies à savoir l’amnésie, le silence ou la perpétuation du cri initial sont dépourvus de tout hasard. Si le choix est important, en comprendre les raisons est primordial et en assumer les conséquences est un acte de bonne hygiène de vie.

Dans le cas du Cameroun la peur est un état accompagnant chacun des trois choix possibles. Les amnésiques préféreront oublier les souffrances et les joies, se contentant de subir instantanément le cours des choses, de peur d’oser espérer mieux, ou moins pire. Les silencieux n’en diront mot, par dépit, ou de peur de s’engager sur des voies dilapidant quelques chances hasardeuses. Les crieurs ne se débarrasseront jamais de la totalité du masque triste de la peur. En effet, la crainte des inconséquences d’un cri entrant en résonnance dans la bonne oreille n’est pas une simple vue d’esprit. Lorsque la bonne oreille est soudaine prise d’acouphène, le trouble ou la douleur qui peuvent en résulter ont une fâcheuse tendance au renvoi à l’expéditeur, dans des tonalités autrement plus graves que celles du droit de réponse. Tristes tropiques écrivait Lévi-Strauss…

Cette omniprésence de la peur donne toute son importance aux raisons du choix. Comprendre les raisons du choix est primordial pour soi-même d’abord. A mon avis, et en ce qui me concerne, cette compréhension du « pourquoi je choisis de crier » est un véritable exorcisme destiné à extirper tous les démons de la peur dans le pouvoir d’exercer son devoir d’expression et d’engagement citoyens.

Le Cameroun est ce pays où personne n’a choisi de naître, c’est un pays où certains n’ont vécu qu’une infime partie de leur existence. Mais ce n’est pas une nation anodine, grâce à son histoire, ses richesses humaines et naturelles. Ce n’est pas une nation qui devrait en ce nouveau millénaire se laisser qualifier, l’air de rien, de « pays parmi les plus pauvres de la planète » et l’accepter comme la fatalité banale d’une république africaine subsaharienne. L’état de pauvreté de cette Nation est causé par un système dont les architectes et les jouisseurs se reconnaissent sous le sceau d’un courant de pensée libéral communautaire. De quelle idéologie tirent-ils leur souffle ? Serait-ce du nationalisme ? Du socialisme ? du libéralisme ou une combinaison abracadabrantesque des trois idéologies ? Je serai tenté de croire à ce que Deleuze qualifie de monstre sémiologique concernant ce libéralisme communautaire sans attache idéologique connue, ni vision politique exprimée en toute cohérence et transparence. L’ambition de ce monstre sémiologique semble se résumer en trois mots : conservation du pouvoir.

Le problème avec ce système hégémonique c’est l’installation et le maintien d’une inertie du confort brigand à tous les échelons de la société. Toute alternance étant froidement combattue, cyniquement asphyxiée et méthodiquement décapitée ; au fil des années, les errements, les erreurs, les fautes, les déséquilibres et les injustices installées par cet immobilisme destructeur s’accentuent, augmentant le poids des souffrances des uns, tandis-que les butins, les trésors et les trophées des architectes et jouisseurs du système infâme s’accumulent. Dans la compétition mondiale avide de bonne gouvernance, d’effort et d’agilité, le mammouth repus du libéralisme communautaire détruit l’image du Cameroun et entraîne le pays dans les bas-fonds de tous les classements mondiaux, sauf ceux de la honte. En effet, l’image démodée du système libéral communautaire, ses capacités de projection, d’anticipation, ou même de réaction sont à l’échelle de sa géologie révolue. Le cri est donc celui de la colère, le choix est celui du changement pour un système plus jeune, plus épatant, plus agile, plus énergique, résolument porté sur l’intégrité, la modernité, la prospérité de tous.

Il s’agit d’un acte de raison contre la poltronnerie, car la peur ne préserve pas du danger.

Manekang.