samedi 20 novembre 2021

Match de football Cameroun contre Cote d’Ivoire: la victoire est sucrée.

Mardi dernier, 16 novembre 2021, le Cameroun a joué contre la Côte d'Ivoire dans un match de football comptant pour les qualifications à la prochaine coupe du monde prévue au Qatar en juin 2022. Le match s'est déroulé à Douala, à 20 heures, au Stade de Japoma. J'y étais, nous avons gagné grâce à un but magnifique et plein d'adresse du talentueux attaquant camerounais Karl Toko Ekambi.


Le Cameroun devait absolument gagner ce match, car dans cette phase éliminatoire, il n'y avait que le premier de chaque poule qui se qualifiait pour le tour éliminatoire suivant. Avant le match, la Côte d'Ivoire était l’équipe leader de la poule avec 13 points, en ayant gagné 4 matchs et concédé un match nul. Chaque match gagné donne en effet 3 points ; en cas de nul, chaque équipe engrange 1 seul point. Quant au Cameroun, avant de jouer son dernier match contre la Côte d'Ivoire, il en avait gagné 4 contre le Malawi et le Mozambique et il avait perdu à Abidjan quelques semaines plus tôt contre la Côte d'Ivoire sur un score de 2 buts à 1. Avant de jouer mardi 16 novembre à Japoma contre les Éléphants, les Lions avaient donc 12 points. S'ils perdaient contre les Éléphants, ils étaient éliminés. S'ils faisaient un match nul, ils étaient éliminés. Ils devaient absolument gagner pour passer à l’étape suivante des qualifications.


La plupart des matchs qui se jouent en cette période affectée par la pandémie du Corona virus le sont sans spectateurs, pour éviter que le fort regroupement du public dans les stades n'entraînât de catastrophiques transmissions du virus. Mais compte tenu de la ferveur populaire du football au Cameroun et en tenant compte de l'enjeu très important de cette rencontre sportive pour les camerounais, le Cameroun demanda l'autorisation d'avoir 25 mille spectateurs au stade de Japoma. 25 mille spectateurs constituent la moitié de la capacité totale de cette enceinte sportive moderne et dans laquelle les rencontres sportives officielles se jouent depuis le Championnat d'Afrique des Nations en janvier 2021. Pendant cette compétition qui regroupa 16 pays africains au Cameroun, le port du masque et le respect des mesures barrières anti covid furent les principales précautions employées pour la tenue des rencontres sportives. A la fin de la compétition, il n’y eut pas une explosion des cas de contamination de Covid causés par cette compétition sportive qui fut une belle réussite populaire.



Afin que l'autorisation d'accueillir 25 mille spectateurs au stade de Japoma lui soit accordée par les instances sportives internationales, le Cameroun a pris cinq mesures destinées à empêcher les contaminations par la pandémie du Covid 19. Ces mesures sont indiquées dans un courrier adressé par le Ministre de la Santé à son homologue des Sports le jeudi 11 novembre 2021 :

  • Accès au stade uniquement aux spectateurs munis d’un test de diagnostic rapide (TDR) de moins de 24 heures
  • Enregistrement des spectateurs en ligne sur une plateforme dédiée ou sur les sites de dépistage
  • Ouverture de 25 sites de dépistage la veille du match jusqu’au jour du match à 14 heures
  • Tests de type PCR pour les délégations et des spectateurs VIP par des équipes mobiles avec communication des résultats le même jour
  • Contrôle des pass sanitaires en amont du stade par 10 binômes grâces à leurs smartphones équipés de l’application dédiée aux tests et vaccins du Covid-19 au Cameroun.

En plus de ces mesures, le port du masque est obligatoire pour accéder au stade. Le vendredi 12 novembre 2021, à la suite du courrier du Ministre de la santé, son représentant dans la région du Littoral dont la capitale est Douala émit un communiqué destiné à être relayé dans les médias dans lequel il donna l’adresse de 9 centres de tests Covid-19 dans lesquels le public désireux de se rendre au match pourrait effectuer les tests de dépistage. Le communiqué indique également la nécessité d’un pré enregistrement des spectateurs sur la plateforme dédiée aux tests et vaccin contre le Covid-19 au Cameroun.


Pour s'inscrire sur la plateforme dédiée aux tests et vaccin contre le Covid-19 au Cameroun, il faut fournir une adresse email, un numéro de téléphone, puis un ensemble d'autres informations telles que les personnes avec lesquelles on est régulièrement en contact. Certaines informations telles les personnes avec lesquelles on est régulièrement en contact et leurs numéros de téléphone ne sont pas indiquées comme étant indispensables, mais si on ne les renseigne pas, il est impossible de clôturer le processus d'inscription. Compte tenu de cette contrainte, il est possible d’y inscrire des informations inexactes, simplement pour clôturer son inscription. Par exemple, lors de mon inscription sur cette plateforme, j’ai dû indiquer que le personnage complètement loufoque « Hgrd » âgé de 21 ans et dont le téléphone est « 895543221 » est un de mes contacts, uniquement parce que l’absence de ces informations m’empêchait de valider le processus de mon enregistrement sur cette plateforme.


En fin de journée du lundi 15 novembre, je me suis rendu dans un centre indiqué dans le courrier du Délégué Régional de la Santé du Littoral afin d'effectuer mon test dans le délai autorisé de 48 heures. Il faut noter en effet que le match se jouant mardi à 20 heures, les centres de tests auraient dû ouvrir leurs portes à partir de dimanche soir à 20 heures pour effectuer les tests covid aux 25 mille potentiels spectateurs en exploitant toute la plage de temps indiquée pour la conformité des tests. Je ne sais pas si les centres étaient ouverts pour la réalisation des tests dès le dimanche soir à 20 heures. D’ailleurs, il convient de noter que le délai de 48 heures n’était pas celui initial de 24 heures indiqué dans le courrier du Ministre de la Santé.


Le lundi 15 novembre en fin de journée, lorsque je me suis rendu au centre des tests du quartier Mbangué à Douala, j'y ai vu des policiers assis dans le hall d'entrée, ainsi qu'une dame appartenant à une société de sécurité. Je leur ai demandé la procédure pour effectuer les tests et ils m'ont simplement indiqué que le centre était fermé et qu'il serait ouvert le lendemain à partir de 7 heures du matin. Dans ce type de processus, l’information qu’on communique aux usagers, sa qualité et sa précision sont capitales, surtout lorsqu’il s’agit d’un événement suscitant un très fort engouement populaire.

A mon avis, dans chaque Centre retenu pour la réalisation des tests anti covid liés à cette rencontre sportive, chaque usager devait être reçu par un agent d’accueil formé sur la communication de la procédure d’enregistrement, de réalisation du test, de communication des résultats et d’utilisation desdits résultats pour l’accès au stade de Japoma. A mon sens, cette procédure se résume en les informations clés suivantes :


  • Se faire enregistrer manuellement sur le site de tests si on ne sait pas utiliser les moyens digitaux
  • Communiquer les heures d’enregistrement et la localisation sur le site du personnel en charge de l’enregistrement manuel
  • Fournir le lien de l’application digitale d’enregistrement aux utilisateurs munis de moyens digitaux (smartphone et connexion Internet)
  • Indiquer les prérequis pour s’enregistrer sur la plateforme numérique aux utilisateurs (adresse email, numéro de téléphone, autres champs indispensables…)
  • Indiquer la localisation des personnels en charge des prélèvements pour les tests proprement dits
  • Informer les usagers sur le mécanisme de communication de leurs résultats de tests : le délai, la plateforme numérique ou le fichier papier
  • Informer les usagers sur la communication de leurs résultats avant l’entrée au stade : imprimer son résultat, l’avoir à disposition dans l’application ou dans un fichier digital dans son téléphone.
  • Informer les usagers sur les moyens de contrôle mis en place par les autorités sportives pour garantir l’authenticité des résultats présentés par chaque spectateur.


Mardi matin, vers 7h30, je suis revenu dans le centre des tests et il y avait déjà beaucoup de monde. J’ai alors appris par d’autres usagers qu’il faut au préalable s’inscrire sur la plateforme www.mamalpro.com avant de pouvoir effectuer le tests de dépistage du Covid-19. Le mardi étant déjà le jour du match, la plateforme a été particulièrement lente d’accès et l’enregistrement digital est devenu une vraie épreuve de patience. Lorsque j’ai enfin pu m’inscrire, il a fallu attendre au moins 1 heure afin de recevoir un numéro de Matricule indispensable pour être reçu par les équipes de santé chargées d’effectuer les tests. Muni enfin de mon numéro digital, je me suis rapproché des équipes médicales, puis elles ont rapidement recopié mes informations digitales sur du papier. Je n’ai pas vraiment compris pourquoi cette transition se fit entre les informations stockées sur une plateforme du Minsaté et leur copie sur du papier par les mêmes équipes du Minsanté.


Ayant réalisé mon test mardi matin, je demandai comment je recevrai le résultat et on m’indiqua qu’il serait transmis dans l’application dans l’heure. Confiant, je partis donc. Toute la matinée du 16 novembre, je me suis connecté plusieurs fois dans l’application MAMALPRO, mais je n’ai jamais reçu les résultats de mon test. Je retournai au Centre des tests en début d’après-midi et le personnel de santé continua à m’indiquer que le test serait disponible dans l’application. Ayant déjà attendu toute la matinée, je leur demandai de me communiquer les résultats de mon test, car de ceux-ci dépendait l’achat du billet que je souhaitais effectuer pour me rendre au stade. Il me fut en effet inconcevable de m’y rendre sans le précieux sésame. De plus, à quoi m’aurait servi d’acheter mon billet si après il s’avérait que mon test Covid fût positif ? Ayant donc expliqué longuement la raison pour laquelle il m’était indispensable d’avoir mes résultats de tests covid rapidement, une dame me demanda mon nom, puis aller regarder dans ses documents et m’informa que mon test était négatif. Elle m’affirma ensuite qu’il y aura du personnel à l’entrée du stade qui sera muni des listes des personnes testées afin de confirmer leurs résultats. Cette information me laissa vraiment perplexe, puis je m’en allai.


J’arrivai au stade de Japoma en début d’après-midi afin d’acheter mon billet. Il y avait déjà foule sur place. Des vendeurs de drapeaux, des vendeurs de maillots et de tous types d’objets aux couleurs du Cameroun. Je demandai aux agents des forces de l’ordre s’il était encore possible de payer un billet, puis on m’orienta vers un guichet à l’entrée du stade où je pus facilement acheter mon billet d’entrée. Je vis également quelques stands placés devant le stade, peut-être des points destinés à la réalisation de tests rapides contre le Covid-19. Devant ces stands, la foule trop nombreuse me dissuada d’essayer d’en savoir plus en m’y rapprochant. Le soir, je me rendis au stade et je fus surpris par deux phénomènes : l’éclairage public n’y fonctionnait pas et l’accès à certains parkings auto habituellement ouverts était interdit. Les militaires chargés de la sécurité nous affirmèrent que les parkings étaient déjà plein, ce qui fut loin d’être le cas lorsqu’après de longues minutes, on avait enfin pu trouver une place où garer sa voiture en sécurité, on avait marché plusieurs centaines de mètres pour atteindre enfin l’entrée du stade. Cependant, dans les places de parking improvisées à l’extérieur du stade, des militaires forts sympathiques indiquaient qu’ils veilleraient sur les voitures.


25 mille camerounais avaient-ils pu réaliser leurs tests Covid-19 entre le lundi matin 15 novembre et le mardi soir avant le match ? A mon entrée dans le stade vers 19 heures ce soir-là, je n’avais toujours pas reçu le résultat de mon test covid dans l’application dédiée à cet effet. Il y était pourtant bien indiqué que j’avais effectué mon test, le nom de mon centre et mon numéro matricule attribué par l’application étaient bien visible, mais sur l’espace réservé au résultat du test, il était indiqué en grande lette le mot « INDISPONIBLE ». C’est d’ailleurs cette information qui s’y affiche toujours 4 jours après la date de réalisation de mon test.


Mardi soir, je m’alignai avec les autres spectateurs derrière les grilles d’entrée du stade de Japoma. Je ne vis aucun dispositif de contrôle de code barre permettant de vérifier les résultats des tests. Ça ne signifie pas qu’il n’y en avait pas. Moi je n’en vis pas, détenu par les équipes chargées de contrôler l’entrée de ma file au stade. Certains spectateurs entrèrent en présentant leurs tickets, ainsi qu’une copie d’un test Covid. Etait-ce leur test ? Je ne sais pas. D’autres présentèrent un fichier dans leur Smartphone. Ce fichier était-il le résultat négatif de leur test Covid-19 ? Je ne sais pas. Quant à moi, pour entrer au stade, j’avais mon billet, la page de mon test dans laquelle on indiquait « Test indisponible » et j’avais apporté mon carnet de vaccination anti-covid. C’est d’ailleurs ce carnet que je mis en avant pour rentrer sans trop de tracasseries. En effet, si on avait vérifié mon test, nul doute que j’aurai eu du mal à entrer. Il m’avait pourtant été dit qu’il y aurait des agents munis de listes de spectateurs avec leurs résultats de tests. Entre la théorie et la pratique, il y a toujours un écart très conséquent. Il faut en tenir compte pour le futur.


J’entrai dans Japoma. Plusieurs fois, je suis déjà entré dans ce stade. Mais c’était la toute première fois, en ce 16 novembre que j’y entrai pour un match de notre équipe sénior, les Lions Indomptables du Cameroun. Ma première préoccupation fut de trouver une place où je pourrai regarder le match dans les meilleures conditions. Il faut dire que partout à Japoma, le spectateur a une vue exceptionnelle sur la pelouse. Partout sur les tribunes, on a une vue époustouflante sur cette belle réalisation camerounaise. Tout Japoma est une salle de spectacle géante, de la pelouse aux gradins, en passant par les buvettes nombreuses situées dans l’immense couloir circulaire ceinturant les tribunes couvertes. Des bénévoles nombreux dans le stade m’indiquèrent où je pouvais m’asseoir. Ils n’avaient pour cela besoin que de mon ticket. Je trouvai une place et je m’assis dans le stade qui se remplissait progressivement au fur et à mesure que les vagues de supporters rentraient dans les tribunes. 

Avant le match, les chants s’entendaient dans l’antre de Japoma, des groupes de supporters chantaient des chansons à la gloire de l’équipe nationale ou juste des refrains populaires pour rentrer dans l’ambiance festive qui s’élevait et se diffusait dans tous les gradins. Puis il y eut la première grande manifestation d’enthousiasme d’envergure avec l’entrée du goléador Samuel Eto’o dans sa tribune. Dès que le public le vit, il s’écria en cœur « président, pichichi, Eto’o ». Le goleador salua longuement la foule, puis il prit place dans sa tribune. La deuxième grande manifestation festive fut l’entrée des Lions Indomptables sur la pelouse environ 45 minutes avant le début du match afin de procéder aux échauffements d’avant match. La foule passionnée cria le nom de chacun des joueurs, aidée en cela par le speaker du Stade. Un joyeux anniversaire fut souhaité au solide Zambo Anguissa et tout le stade lui souhaita plein succès en ce jour exceptionnel. La phase d’échauffement terminée, les joueurs retournèrent dans les vestiaires. Les ivoiriens eurent droit à quelques clameurs peu enthousiastes, dans la pure tradition des actes d’intimidation gentille de l’adversaire. Il s’agissait de leur faire savoir que la tâche ne leur serait pas du tout aisée au Cameroun, à Japoma.


Puis les Lions entrèrent sur la pelouse pour le démarrage effectif de la confrontation entre fauves africains. Les Lions du Cameroun contre les Eléphants de côte d’ivoire. Onana, Onguene, Ngadeu, Tolo, Fai, Oum, Zambo, Hongla, Toko, Aboubakar, Moumi, les gladiators camerounais comme on les aime…Première escale du vaisseau en direction de la finale, l’hymne national ; notre chant de ralliement. Tout le stade vibra fort en chantant « Chère Patrie, Terre Chérie, tu es notre seul et vrai bonheur… », à la fin de l’hymne national, j’eus une pensée pour tous nos gardiens, jeunes et vieux défenseurs de la patrie qui sont déjà morts sur le champ d’honneur. Nous étions en effet le 16 Novembre. Je n’avais pas oublié que deux mois plus tôt, le 16 Septembre, l’inadmissible se produisit dans le Ngoke-Tunjia. Je n’oublierai jamais.


Ce que je vis dans ce match, ce fut un artilleur. Ngadeu. L’artillerie prend son élan très loin du front et atteint l’adversaire de façon insoupçonnée pour lui, au cœur de sa stratégie. Ngadeu fut très souvent le point d’envoi de nos attaques. Ses coéquipiers près de lui, lui transmettaient la balle, puis il l’envoyait à la rampe de lancement du deuxième étage Zambo, ou à la tête de pont Aboubakar Vincent. Au milieu de terrain, les grandes puissances musculaires aux souffles infinis Oum et Hongla cassaient toutes les velléités offensives des mastodontes de la Cote d’Ivoire. Quant à Onguene, il agissait comme un fantassin du Génie militaire, il était sobre, mais brutal dans les interceptions de balles. Pour ce qui est de Fai, je l’ai surnommé Mister harnacheur. Il s’accroche à sa proie, l’attache et ne lâche rien jusqu’au bout. En attaque, le trio des génies était à l’œuvre sous la conduite du capitaine Aboubakar Vincent. Quand il marche avant match, on dirait qu’Abou prend ses marques pour savoir où il posera ses pieds de félin pour bondir, tirer, s’échapper des griffes de l’adversaire. Aboubakar Vincent attrape la balle au bond pour en faire ce qu’il veut. Abou est un artiste du ballon rond. Quant à Toko, c’est un lion dans la vélocité de sa course, l’aisance avec laquelle il élimine l’adversaire, l’instantanéité avec laquelle il décoche un tir. Toko a ainsi marqué, sans que quiconque s’attendît à un but, à cet instant-là, à cette position-là, sitôt. Le trio génial est complété par l’homme de devoir Moumi, il prend la balle, il avance vers l’adversaire, l’élimine et sert idéalement un coéquipier. Moumi fait le job, il le fait bien, sans déchet, c’est un maître à jouer tactique indispensable pour notre dispositif reposant sur un collectif de joueurs travailleurs, mouillant le maillot pour le pays. Moumi est l’exemple de la constante solidarité. Puis il y a Onana, la muraille. Une muraille ça sert à ça, être infranchissable quelles que soient les conditions, qui que fût l’adversaire. Onana ajoute à son infranchissabilité, l’élégance des grands professionnels. Chapeau Les Lions ! 


Serge Mbarga Owona.

Mathématicien, poète, écrivain.